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Ce que vaut une action


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Une action à un moment donné «vaut» le prix auquel elle peut être échangée sur le marché. C’est son cours, le seul élément objectif et réel qui s’impose à tous les intervenants acheteurs ou vendeurs, actuels ou potentiels. Cela n’interdit pas aux investisseurs ou analystes financiers de lui attribuer au moins trois valeurs virtuelles comportant un degré croissant de subjectivité, sans oublier... la valeur "d'usage".

 

1. La valeur d’actif net comptable,

consistant à diviser le montant des capitaux propres par le nombre d’actions émises. Cette valeur mathématique paraît la plus objective. Elle n’est pourtant pas la plus sûre, le total des fonds propres pouvant être fortement diminué en cas de «nettoyage du bilan» par l’amortissement massif d’actifs devenus sans valeur. Toutefois lorsque ce risque n’est pas apparent, le fait pour une action d’afficher un cours inférieur à sa valeur nette comptable peut permettre de considérer qu’elle est sous évaluée et peut être donc achetée.

2. La valeur d’actif net réévalué,

obtenue en divisant l’actif net global après l’extériorisation des plus values ou moins values latentes par le nombre d’actions émises. Cette valeur (value) peut paraître plus proche de la réalité économique que la précédente mais sa fiabilité dépend de la validité (sincérité, actualité) des évaluations d’actifs. Néanmoins lorsqu’elle est notablement supérieure au cours de l’action, on peut penser que celle-ci souffre d’une décote qui sera réduite tôt ou tard (Attention les décotes sont permanentes pour les actions de holding). Cette valeur avait pris plus de signification en 2005 après l’application des nouvelles normes comptables IFRS.

3. La valeur de capitalisation des bénéfices futurs par actions

(bénéfice d’exploitation, cash-flow, bénéfice courant et bénéfice net) y compris éventuellement les plus values potentielles. Deux difficultés apparaissent: quel taux de capitalisation retenir? Quelle progression fixer pour les bénéfices à attendre au cours des prochains exercices? Les solutions retenues à cet égard comportent nécessairement une large part d’arbitraire. Il n’empêche que cette méthode d’évaluation dynamique basée sur les flux en provenance de l’exploitation et non comme les deux précédentes d’éléments figurant déjà au bilan, rencontre la faveur des analystes financiers qui l’utilisent souvent pour fixer des objectifs de cours à une action. Le risque de déception de l’investisseur séduit par cette méthode d’évaluation est élevé (brutales révision à la baisse d’objectifs de cours parfois même sous les cours du moment) et explique pour une large part la volatilité actuelle des marchés.

Quelle que soit la méthode d’évaluation retenue, complétée ou non par l’utilisation des ratios et chiffres clés, voir Chap. 8, les actionnaires minoritaires sont parfois amenés à contester les valeurs fixées, notamment en cas d’OPA ou d’OPE. Ils introduisent alors des recours devant l’Autorité des Marchés Financiers et, en cas de rejet, devant la Cour d’Appel de Paris. Des experts «indépendants» sont commis pour fixer la «vraie valeur» d’une action. Pour y parvenir ceux-ci ont recours à la combinaison de plusieurs critères d’appréciation en partant des éléments fournis par les sociétés concernées et ils aboutissent presque toujours à proposer des «fourchettes de prix ou de parités d’échange» généralement conformes aux attentes des sociétés.

La jurisprudence a adopté «cette méthode d’évaluation multicritères» totalement arbitraire dès lors qu’elle ne retient à son libre choix que certaines des méthodes d’évaluation ou ratios susvisés et leur accorde une pondération variable selon les cas particuliers.

Enfin, la «valeur d’usage»

On pourrait également parler de «valeur d’usage» pour les sociétés cibles d’une OPA ou OPE. Cette valeur est particulière et la manière dont elle est déterminée est propre à la société initiatrice de l’OPA ou OPE. Elle peut même se trouver relevée, en cas de contre-OPA lancée par une tierce société.

 Parler de la «vraie valeur» d’une action, c’est donc s’illusionner. Il n’y a en définitive que son cours, déterminé par le marché qui soit une réalité. Cela n’empêche pas de prévoir que cette réalité évolue, en hausse ou en baisse, en fonction des évaluations résultant des diverses méthodes susvisées.